La limite, entendue comme pause, dans le temps et dans l’espace, aide à la réflexion et donne à l’action une définition extrêmement intéressante.
La limite entendue comme délimitation et non comme incapacité à évoluer, apporte une signification importante au discours et au projet intrinsèque.
Nous vivons dans une société assoiffée et noyée dans l’extraordinaire.
L’ordinaire ayant perdu tout intérêt aux yeux d’une nouvelle génération, il est méprisé et incompris .
Incompris dans sa beauté, car il est structure de l’actuel, et incompris dans son importance, car fruit d’un travail sain et persévérant.
La limite, alors, entendue comme cadre, action délimitée, réflexion accomplie, peut constituer un élément fondamental dans la reconstruction de notre organisation sociale et notre projet.
Ce projet que j’estime le grand absent dans le dialogue horizontal et vertical.
« Vertical » dans le passage de mémoire intergénérationnel.
« Horizontal » dans l’échange immédiat et constructif entre habitants de la même époque.
Car, si nous habitons tous la même planète, n’oublions pas que nous occupons ensemble le même espace temporel, mais, avec des intelligences, potentiels et capacités prévisionnelles complètement différentes.
L’appréciation de l’espace étant relativement simple, le ressenti d’une même cellule temporelle demande un effort minimum d’abstraction.
L’art de la limite, devient valeur « insubstituable » dans la naissance d’une pensée collective provenant de la base.
La base, riche en nombre, cultures et parcours de vie, peut objectivement contribuer à la création d’une pensée globale riche d’individualités.
Une pensée et une action globale dans laquelle l‘évolution scientifique partagée peut contribuer à l’élévation homogène de la qualité de vie (médecine, logistique), mais aussi à la création d’une pensée globale de respect mutuel dans le maintien et le soutien d’une pensée plus locale et régionale.
L’occident s’est octroyé le monopole de la morale.
Evidemment soumise à l’intérêt, mais déguisée afin de la rendre justifiable, exportable, « imposable ».
La valeur de la limite s’applique à de nombreuses situations.
1 – Réflexion (Sociale et philosophique) Considérations justes et brèves, pour aider la compréhension et stimuler la réflexion de l’auditeur.
Fournir les clefs, la direction et jamais la solution, au moins dans une première étape.
Réveiller la capacité d’analyse transversale et le ressenti d’une puissance intérieure inestimable.
Ramener la force à l’individu, sans dévaloriser les masses, ou mieux, le nombre.
Car l’intuition de l’individu peut nourrir le nombre et réciproquement le nombre peut accoucher d’une réflexion collective.
2 – Energie
L’usage du plein potentiel disponible ressort d’une façon de vivre illogique et suicidaire.
L’automobile, les déplacements, l’alimentation.
Le soleil, l’énergie sont chaque jour perdus, gaspillés.
La limite sous-tend l’idée de l’usage responsable, qui nous pousse à une vie plus recentrée, et par là-même plus respectueuse de l’homme et la nature.
3 – Pouvoir
Il doit rester local, régional et national.
Aujourd’hui, en dehors de la géographie politique déjà installée, les grands projets sont toujours porteurs d’une soif extrême de domination.
Evidemment maquillée en quête de sûreté.
Diviser, dans le passé, et de nos jours déstabiliser pour intervenir et prendre le contrôle, c’est du déjà vu.
Le pouvoir est aussi dans le déséquilibre d’une force incontestable.
Chose à laquelle nous assistons en ce moment, par la gestion sourde d’une pandémie qui a totalement détourné l’attention sur des tas de problématiques et réalités plus urgentes et meurtrières.
4 – Existence
La vie, la jeunesse, la maturité et sa valeur.
La prolongation de la vie, le désir de repousser les échéances sans nourrir le temps du passage.
L’absence de considération de l’expérience des personnes âgées, isolées car considérées comme inutiles.
L’organisation d’une société ne peut pas s’exiler et se priver d’une valorisation profonde et indispensable de l’expérience et la sagesse.
Le fait que ce potentiel ne soit pas reconnu repousse la limite tolérable d’une répétition d’erreurs historiques et existentielles.
J’espère avoir pu déclencher chez le lecteur l’envie de mesure et d’équilibre.
La véritable force réside dans la capacité de sa maîtrise.