Le principe de laïcité conçu par la République il y a quelques années, avait pour but l’apaisement de la vague exclusiviste d’une très importante et présente religion monothéiste.
Cet espace, dans lequel la religion chrétienne ne trouvait plus de place, a été envahi, d’une façon prévisible par le dialogue sur le Judaïsme et l’Islam.
D’autres sujets, évidemment de relief et d’intérêt majeur ont occulté, voire rendu ringards n’importe quelle discussion et échange sur notre religion.
Les intérêts politiques ont fermé le cercle, en rendant les croyants de ces deux religions, des sujets à préserver, comme si leurs cultures étaient en voie d’extinction.
Le résultat est qu’aujourd’hui le christianisme commence à reculer, et l’espace public lui est interdit.
Avec cette brève et sincère prémisse, qui ne demande pas de réplique politico religieuse, je demande simplement à remettre en circuit des sujets dont nous aurions dû parler, sans oublier que la dernière génération ne connait pas les bases de notre religion et de son code social, ni l’initiation à la foi.
J’ai beaucoup réfléchi durant les dernières années, d’une façon automatique et subconsciente au mystère de la Trinité et tout particulièrement à l’essence et l’importance du Saint Esprit.
Loin de vouloir comprendre et décortiquer la subtilité d’un des plus profonds mystères de notre religion, je me suis vraiment posé la question sur le rôle et la nécessité d’avoir notre Dieu, son Fils et le Saint Esprit.
Permettez-moi de m’exprimer d’une façon assez innocente et non irrévérencieuse.
Vous pouvez deviner implicitement sous chacune de mes phrases le « je pense », car loin de moi est l’idée de vous apprendre ou soutenir une cause quelconque.
Encore moins de faire du blasphème.
Je suis le père de 4 enfants et, comme chaque parent, je me suis toujours interrogé sur les devoirs, les droits et les limites d’action d’un parent dans son parcours d’éducateur, ou peut-être tout simplement d’accompagnateur de ses propres enfants sur le chemin de la vie.
Le Créateur se pose en père, source inépuisable d’amour inconditionnel.
Le don de la vie suit le don de la Création.
Dans son infinie puissance, Dieu nous laisse le libre arbitre et une réelle autonomie dans le choix de l’accepter ou pas dans notre vie, ce qui est pourtant un don.
J’ai imaginé souvent me transformer en quelque chose pour accompagner mes enfants dans leurs parcours de vie, les accompagner sans m’imposer car ma présence constante nuirait sensiblement au développement de leur autonomie et surtout les arrêterait dans leur évolution humaine et sociale.
J’ai imaginé leur donner un frère supplémentaire, complice, discret, fort et rassurant, guide et conseiller, capable de les aimer et les entourer d’un amour silencieux et indéfectible.
La comparaison aussi simple et simplissime peut être comprise et imaginée.
La présence d’un fils supplémentaire reste un acte d’amour majeur en comprenant que ce fils lui-même émane du père tout en étant son fils.
Imaginerions-nous une partie de nous-même confiée à un enfant car le don de la vie n’a pas à lui seul servi à le rassurer et le maintenir sur le chemin de la foi.
Le fils en question soumis, au moins au départ, aux règles de la vie terrestre serait rapidement, en pratique au bout d’une génération, obligé de s’effacer au risque d’être reconnu comme un être surnaturel et donc empêchant les hommes de le reconnaitre au bout du chemin de foi.
Dieu créa donc le Saint Esprit, force tangible, concrète, physique et métaphysique, carburant de l’âme en grâce de Dieu.
Notre religion nous apprend à donner, et nous recevrons au fur et à mesure.
J’aime à penser la puissance de l’amour de Dieu comme un courant électrique, et le don entre humains comme la différence de potentiel qui permet de recevoir, en quantité comparable au don.
La puissance du Saint Esprit réside donc dans son omniprésence, dans sa domiciliation au fond de chaque humain sur terre et dans sa caractéristique, qui lui vaut à mon humble avis l’adjectif d’élégant….
En fait, sa présence, déjà utile et exponentielle est, à une énième puissance, impulsée par l’imploration du croyant.
Dans ce monde électronique et informatique, le mot « activation » parlera à bon nombre d’entre vous.
Activer le Saint Esprit par la prière, laisse à l’âme et au cœur du fidèle la possibilité de se ressourcer d’une façon profonde et inégalée.
Je reviendrai sur la puissance du Saint Esprit.
Le silence social, imposé ou secondaire au changement de style de vie, empêche le renouvellement générationnel au sein de l’église.
Le dialogue autour de la foi perd sa légitimité dans nos mairies, dans nos écoles et dans nos maisons.
Le programme social interculturel, toutes couleurs politiques confondues, a perdu cet équilibre et cette direction donnée par la foi….
La croissance, la compétition, l’ultralibéralisme non équilibrés par une pensée sociale établie nous ramènent vers les abysses du danger…
Notre génération connait l’église et sait faire la différence entre la foi et la pensée des hommes. Notre génération fait la part des choses quand l’église est attaquée ou dénigrée.
Cependant, notre génération a posé le témoin quelque part au fond de la sacristie, a abandonné l’église au bord de son chemin, en croyant que la suite serait imputable à je ne sais qui.
Croyez, vivez et osez dans votre cœur, dans votre corps, dans votre famille, dans votre travail et dans votre « petit » monde de tous les jours.
Réinsérez le dialogue chrétien, rendez le légitime, intéressant, moderne, fort et insubstituable.
Nos concitoyens appartenant à d’autres cultures, ou d’autres religions ne pourront que se réjouir de cette attitude retrouvée.
La chose qui nous est reprochée, et qui souvent nous fait défaut, c’est le manque de courage dans le soutien de nos croyances et l’incapacité à manifester socialement notre foi.
J’exerce dans mon propre cabinet, dans lequel j’ai accroché une croix dans chaque pièce de consultation.
Il s’agit de petits, mais très importants, signes de foi, visant à protéger le lieu et les occupants, et à me laisser manifester, exister tel que je suis auprès de mes très respectueux patients…
D’ailleurs, je n’ai jamais eu de commentaire négatif par nos frères ou sœurs d’une autre confession…
jamais.
Les seules qui ont bien pensé me critiquer sont des concitoyens comme vous et moi qui s’interrogeaient sur la potentielle agressivité de ce signe visible de Dieu.
Evidemment, nous l’avons oublié, la force de la croix est qu’elle est elle-même signe d’amour, respect, don et que l’aide, la tolérance, le soutien sont des choses que Dieu nous demande au quotidien.
Revenons donc à un débat sain, constructif. Redevenons porteur d’un message de paix, de construction sociale et de rassemblement, un mot très à la mode.
Mais « rassembler » ne signifie pas oublier qui nous sommes, oublier notre religion et donc notre histoire.
L’école et la société françaises ont été construites avec la foi, la force et le sacrifice….
Aujourd’hui, nous assistons en simples spectateurs au démantèlement total .
Reporter le dialogue au bon endroit est difficile.
La tâche est grande, le chemin nous survivra, mais notre alliance rendra cet effort plus joyeux, et alors nous serons fiers de ce sacrifice, utile.
Le Saint Esprit nous accompagne dans notre petite et infime existence à chaque étape.
Revenons à la prière et à l’invocation.
La force reviendra, vos corps seront plus résistants et les tentations se feront rares.
Reprenons un chemin social constructif et respectueux.
Que le Saint Esprit vous envahisse.